Bonjour à tous ,
Tout comme l’année dernière, je vous livre l’évaluation d’un ancien nageur d’Eau Libre toujours aussi passionné sur la mise en œuvre des critères de sélection en Equipe de France.
Pour la clarté de l’analyse je me concentrerai sur le 10 km (persuadé que les critères mis en place ont un objectif unique, celui d’obtenir des résultats à la seule épreuve olympique !)
Pour la saison qui s’achève, les dits critères étaient dans leurs grandes lignes les suivants :
1-Préqualification à partir d’une grille unique de temps (allant du 5 km jusqu’au 25 km)
2-Qualification après une épreuve de la Coupe d’Europe à Eilat pour les deux premiers dames et messieurs.
ou
3-Qualification directe du champion de France natation course (800 m dames / 1500 m messieurs) sous réserve de participer à la Coupe d’Europe d’Eilat et avoir participé à deux épreuves d’Eau Libre imposées par le DTN avant les Championnats d’Europe
En gardant comme grille de lecture le 10 km ,que constatons nous ?
1-Qualification sur titre (800/1500)
Tout comme lors de la saison précédente la sélection à partir d’un titre de Champion de France pour enrichir le collectif de l’Equipe de France est totalement inopérante.
Rappelons que l’année dernière étaient rentrés dans ce cadre A.Muller (déjà nageuse d’Eau Libre avérée) et E.Vial-Collet (qui a tenté l’aventure à Barcelone du 5 km, a fini 29ème, mais n’a même pas effectué l’amorce d’une sélection cette année).
Cette année ni J.Bouchaut , ni C.Balmy qui auraient pu bénéficier de ce mode de sélection n’ont pas tenté l’aventure .
Les faits sont têtus !
2-Pré qualification à partir d’une grille de temps basée sur les 800 m et 1500 m unique.
Premier commentaire, pourquoi une grille unique ?
Ensuite pourquoi un niveau de temps exigé, quasi équivalent aux temps de sélections bassin ?
Je cherche encore à comprendre.
Pour moi, les résultats obtenus cette année à partir de ce critère tendraient à prouver que celui-ci a été contre productif.
-au niveau féminin, les participantes étaient les mêmes en Eau Libre et en Bassin avec des résultats obtenus en bassin (seconde épreuve dans l’ordre du programme des mondiaux) en net retrait avec leurs temps de Chartres.
-au niveau masculin, impossibilité pour A.Reymond de concourir à armes égales sur le 1500m après son 25km.
Un jeu de cannibalisation entre Eau Libre et Bassin s’est mis en place.
Si la DTN s’inscrit cette année dans la même logique, il faudrait qu’une grille de temps avec minima de valeur mondiale soit construite.
Malheureusement, une simple lecture des rankings du ½ fond français (et cela ne va pas forcement s’améliorer dans les années à venir) donne quelques renseignements en la matière.
Nous ne sommes pas une nation qui a un réservoir de nageurs de temps de valeur européenne et encore moins mondiale suffisant pour se servir de ce type de grille comme base de sélection.
Il y a deux grandes familles de nageurs d’Eau Libre.
Ceux qui dans certaines conditions de course sont en capacité de réaliser 10 km en tête du début jusqu’à la fin (nous retrouvons des nageurs comme Mellouli ou Riztov)
Ceux qui dans d’autres conditions de course sont en capacité de se maintenir dans un groupe de tête et accélérer encore en fin d’épreuve (nous retrouvons les brésiliens, italiens et allemands)
Il faudrait être “ grand sage’’ pour savoir quel type de course aura lieu à Rio (d’autant qu’elle se déroulera en mer !)
Le critère de la grille unique oriente la sélection sur les seuls nageurs capables d’effectuer des courses en tête.
Les autres spécialistes d’Eau Libre sont progressivement écartés alors que la France ne possède pas de nageurs internationaux en demi fond !
Pas de Mellouli ou Riztov en France !
La aussi, les faits sont têtus ! L’état du ½ fond français est une réalité !
3-Qualification à partir de la Coupe d’Europe d’Eilat.
Reprenant des commentaires déjà formulés sur ce site, ce mode de sélection définitif aurait eu un réel intérêt si la participation internationale de niveau mondial avait été au rendez-vous.
Tel n’a pas été le cas.
Aussi, en dehors peut-être de conditions climatiques différentes, la sélection s’est faite à l’identique que lors de Championnats de France.
En guise de conclusion, regardons les résultats du 10 km
Meilleures places à Barcelone : Championnats du Monde
Dames :O.Aspord (6ème )
Messieurs

.Cattin-Vidal (4ème)
Meilleures places à Berlin :Championnats d’Europe
Dames :A.Muller (4ème)
Messieurs :A.Reymond(9ème)
Résultats objectivement moins bons !
Tout comme en Natation Course, un résultat individuel, le titre sur 25 km d’Axel Reymond sert à sauver la face ou cacher un mal plus profond.
Mais en Eau Libre, ce titre n’a pas été obtenu sur l’épreuve olympique, cœur de cible de tout le système de sélection.
Ceci montre l’urgence pour la DTN (reconduite ou modifiée) de réinterroger ses critères de sélections avec lucidité.
Le temps n’est plus à l’autosatisfaction ?
Réintroduire des modes de sélections spécifiques à l’Eau Libre apparaît une nécessité absolue.
La mise en place des critères actuels fait objectivement baisser le niveau de l’Equipe de France et à des effets collatéraux sur la Natation Course
Ils excluent progressivement les nageurs les plus anciens dans un sport ou la maturité est un élément majeur.
Plus grave encore, les critères issus de la grille de temps bassin ou pis encore le titre de Championne de France sur 800 ou 1500 vont rapidement amener les espoirs et notamment féminins à regarder comme inaccessible une qualification en Equipe de France senior.
Des nageuses comme Furst, Secrestat ou Pou malgré des résultats internationaux significatifs ne peuvent plus objectivement se projeter sur l’avenir.